Mois du sport et de l’écologie

Adèle Debast, Lille Métropole Athlétisme : « Sensibiliser au-delà du monde sportif »

Depuis 2019, le LMA (Lille Métropole Athlétisme) s’engage pour l’écologie . Adèle Debast, directrice de la communication et de l’évènementiel du club nous a expliqué la démarche écoresponsable du LMA.

Pourquoi le club s’est tourné vers une démarche écologique et comment cela s’applique-t-il concrètement ?

Depuis le changement de présidence, en 2019, on a relancé l’organisation d’évènements. On a toujours voulu mettre en avant des actions autour de l’écologie. Sur nos évènements, on fait toujours attention à ne pas avoir de déchets, on n’imprime pas de flyers, tout est en digital. On propose aussi des écocups* et des gobelets en carton plutôt que des gobelets en plastique. Cet engagement est très important pour nous et pour le sport, et c’est facile d’allier l’écologie avec la pratique du running, par exemple en ramassant les déchets.

Vous avez évoqué le changement de présidence du LMA. En quoi l’arrivée du nouveau président, Alain Lignier, a-t-elle changé la donne ?

Il est arrivé avec un réel projet pour le club. Il a commencé par construire une vraie équipe. On est passé d’un salarié à quatre, dont une alternante. Cela a permis de développer des projets sur le long terme. Avant, le club existait, il y avait l’athlétisme mais rien à côté. L’idée c’était de se servir de ce qui existait autour de cette grande métropole de Lille et de pouvoir organiser et créer des évènements.

En 2019, vous avez lancé une opération nettoyage dans le cadre du World Cleanup Day**. Avez-vous continué à organiser des évènements du même genre ?

Cette année-là, on organisait aussi des écoruns les mardis midi, une fois par mois, au parc du Héron, près du Stadium, à Villeneuve-d’Ascq. Le concept, c’était de proposer à n’importe qui d’aller courir et de ramasser les déchets. Entre-temps, il y a eu le Covid-19 et les écoruns se sont stoppés. Mais le 17 septembre 2022, on a organisé une très grosse opération pour le World Cleanup Day, à la Citadelle de Lille. On a mobilisé beaucoup de personnes pour essayer de battre le record du monde de ramassages de mégots de cigarettes.

Est-ce que les mesures écologiques touchent autant les athlètes professionnels que les amateurs au sein du club ?

L’athlétisme est un sport très peu professionnalisé. Le LMA, deuxième meilleur club de France, est semi-professionnel et la majorité des athlètes ne sont pas professionnels.

Nos athlètes professionnels ne s’entraînent donc pas au LMA. Ils sont licenciés dans notre club mais s’entraînent à l’INSEP à Paris, aux États-Unis ou dans le sud de la France. C’est donc presque impossible d’avoir un impact direct sur eux.

De plus, l’athlétisme n’est pas un sport collectif donc c’est compliqué de sensibiliser et toucher tous les athlètes en même temps, d’autant qu’on ne voit nos athlètes professionnels qu’environ trois fois par an.

Hormis Pierre-Ambroise Bosse***, qui est très engagé sur la question écologique. Il a notamment changé d’équipementier et en a choisi un plus responsable. C’était d’ailleurs le parrain du World Cleanup Day qu’on a organisé samedi 17 septembre 2022. 

Par rapport aux équipementiers, est-ce que vous travaillez avec des partenaires qui ont les mêmes valeurs écologiques que le club ?

On est encore à la recherche d’un équipementier, on n’en a pas à l’heure actuelle. Pour les évènements qu’on organise, on travaille avec des prestataires et on essaye de choisir des partenaires qui soient dans la même dynamique que nous. Par exemple, pour les soirées partenaires. Le traiteur avec lequel on travaille est écoresponsable, engagé, il roule en électrique et cuisine à partir de produits locaux. On a aussi un partenariat avec Harmonie Mutuelle et avec la SNCF, qui sont toutes deux très engagées sur cette question.

La démarche écologique a-t-elle mis les projecteurs sur le club ?

Oui, il n’y a pas beaucoup de clubs ou de structures sportives qui s’orientent dans la dynamique de l’écologie, donc on se démarque. Cela dit, ça nous paraît souvent banal de faire des actions écologiques donc on ne communique pas toujours dessus mais il faudrait qu’on y pense pour inciter ceux qui suivent notre actualité à le faire aussi.

Est-ce que vous avez rencontré des difficultés à mettre en place cette démarche écologique ?

Ça coûte souvent plus cher : les écocups, les gourdes, les T-shirts en coton recyclé, notamment. Après, c’est plus durable donc c’est mieux sur le long terme, sur le plan économique aussi. Parfois ce n’est pas possible de mettre en place certaines choses, parce que cela coûte trop cher. Mais on peut réfléchir à d’autres aspects, par exemple sur les produits dérivés qu’on avait l’habitude d’offrir avant. On n’offre plus autant de goodies aux gens ; la plupart n’étaient pas utilisés et finissaient en déchets. Désormais on offre des objets utiles et plus écoresponsables, des serviettes ou bien des T-shirts, mais plus de lampe torche ou porte-clé par exemple.

D’autres clubs ne prennent pas encore en compte l’écologie. Selon vous, est-ce que c’est le fait d’un manque de moyens financiers ou est-ce qu’il y a tout simplement un manque d’engagement ?

Les deux. Si on veut trouver des fonds pour mettre en place une action, on peut toujours trouver. Aujourd’hui, pour recevoir des subventions de la métropole européenne de Lille et de la ville de Lille, il faut développer un paragraphe sur l’écologie dans les dossiers.

Quels sont les futurs objectifs du club sur le plan écologique ?

On aimerait relancer les écoruns tous les mois. Le but est de sensibiliser au-delà du monde sportif, par exemple de sensibiliser les familles en organisant des évènements à la Citadelle de Lille. Sensibiliser au tri des déchets, au vrac et promouvoir d’autres entreprises et start-up engagées et locales, c’est possible lors des évènements. On veut mettre en avant toutes les initiatives pour toucher aussi les entreprises, les écoles, et les universités, pas seulement le monde du sport.

Augustine Guégan

*gobelets réutilisables
** * « journée mondiale du nettoyage de notre planète », lancée par l’association Let’s Do It! World. Elle a lieu chaque troisième samedi du mois de septembre
***athlète Français, champion du monde de 800m en 2017

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