Ateliers « reporter d’un jour » – Arras – juillet 2021

Quelle place pour les arbres et espaces verts à Arras ? – 1/2

Alexandre Cousin est éleveur de chèvres, vaches, ânes, brebis et apiculteur sur l’Arrageois. Politiquement, il est élu écologiste d’opposition au conseil municipal d’Arras. Nous sommes allés l’interroger sur la place de l’arbre dans la ville.

Vous affirmez qu’il y a un manque cruel d’arbres, de bois et de forêts à Arras et aux alentours. En ville, vous constatez que la plupart des places sont peu arborées, voire pas arborées du tout. Comment expliquez-vous cela ?

Ce manque cruel d’arbres est manifeste et historique car la ville est très minérale. Il y a beaucoup de places classées où il est un peu compliqué de planter.

Et si on prend l’Arrageois un peu plus large, là c’est la catastrophe ! On est dans un territoire agricole intensif où il n’y a plus de haies, plus d’arbres en plein champs.

Le grand malheur, c’est que dès qu’il y a un projet d’aménagement, d’une rocade par exemple, celle-ci passe en plein milieu d’un bois. Comme celui de Wailly, qui a été abîmé par le passage de la route venant de Dainville, alors qu’il est un des seuls bois au sud d’Arras.

Pourtant, vous êtes convaincus que les arbres peuvent être des alliés pour les villes. Pouvez-vous nous préciser pour quelles raisons ?

En cette période de réchauffement climatique, on lutte contre les gaz à effets de serre. Aujourd’hui, il y a plus de 40 000 personnes qui meurent tous les ans en France à cause des pathologies liées aux particules fines*, notamment aux gaz d’échappement.

L’arbre est le meilleur capteur de ces particules fines. Il permet aussi de stocker et agréger l’eau. Et les images de grandes inondations sont souvent dans un secteur peu arboré, notamment en ville.

C’est aussi une climatisation naturelle quand les températures montent très haut lors des canicules. Les espaces bitumés vont très vite monter en température. Partout où il y a des arbres, on la contient.

Et un dernier point, les arbres, c’est la biodiversité : la pollinisation pour les insectes, des refuges pour les oiseaux et petits mammifères. Quand ils meurent, cela devient une ressource très riche pour les insectes et la petite faune.

Il y a donc un énorme intérêt à mettre l’arbre au centre des politiques publiques locales d’une ville ou d’un territoire.

La mairie d’Arras commence à prendre conscience de la nécessité de planter des arbres. Mais selon vous et votre groupe d’opposition, elle n’en fait pas assez en matière d’espaces verts. Pourquoi ?

Sur beaucoup de projets d’aménagement, souvent, les premiers à « tomber dans le décor » ce sont de très vieux arbres. Dans certains pays, on en tient compte dès l’avant-projet.

Pour tout projet d’aménagement, on devrait tenir compte des arbres présents sur le site. C’est pour cela que l’on demande que la « charte de l’arbre » soit revisitée et retravaillée pour qu’elle ait un caractère beaucoup plus impératif.

Que l’on ne puisse abattre un arbre qu’en dernier recours. Par ailleurs, il y a un plan de plantation d’arbres prévu par la ville d’Arras, on aimerait vraiment qu’il soit amplifié et que l’on aille beaucoup plus loin.

Avec l’avènement du dérèglement climatique, on peut anticiper sans que cela coûte très cher en ayant un plan ambitieux de plantation d’arbres en ville. Les territoires qui vont s’en sortir, ce sont ceux qui vont anticiper les futurs problèmes.

*48 000 décès par an selon Santé Publique France en 2016

Pierre-Charles et Zoé
Texte et photo

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