Ateliers « reporter d’un jour » – Arras – juillet 2021

Été pluvieux : quelles conséquences pour nos légumes dans l’Artois?

Ces dernières semaines, les parapluies ont inondé nos trottoirs. Le mois de juin 2021 a effectivement battu le record de précipitations depuis un demi-siècle selon Météo France. Poireaux, pommes de terre, tomates, courgettes, haricots, choux-fleurs… comment les légumes s’en sortent les pieds dans l’eau ?

Kevin Hugo, prévisionniste à Météo-France sur le pôle d’Abbeville, analyse : côté températures, les sept jours de regels tardifs du mois d’avril ont fini par laisser place aux températures moyennes de saison.

Quant aux pluies, elles nous ont bien rattrapés. Après un printemps sec (33 % d’eau en moins que d’habitude), le premier mois d’été avait déjà reçu au 29 juillet les 180 mm d’eau habituellement répartis sur le trimestre estival.

Dans le milieu agricole, l’humidité atmosphérique retarde les moissons. Mais qu’en est-il pour nos maraîchers bio et conventionnels ?

Des maladies pour les tomates

Plan de tomates atteint de botrytis
Le botrytis ne permet pas à toutes les tomates de se développer (au milieu : bouton floral atteint / en bas : tomate saine)

Vivien Saudmont, maraîcher installé depuis 4 ans à Bailleul-Sir-Berthoult, est habitué à des étés secs et chauds. Cette année, il constate : « C’est assez exceptionnel d’avoir de l’eau quasiment tous les jours en plein été ».

Ce producteur d’une trentaine de fruits et légumes déplore des pommes de terres nouvelles attaquées par le mildiou et des tomates qui ont manqué de chaleur, même sous serre.

C’est ce que confirme Guillaume Pinte, installé à Vimy depuis cinq ans en maraîchage bio. Ses tomates anciennes sous serre subissent mildiou et botrytis, tandis que chez ses voisins, les tomates de plein champs ont succombé aux maladies.

Des pertes sont également à déclarer sur les choux-fleurs et brocolis. Le jeune maraîcher se réjouit néanmoins de l’abondance de courgettes qui ont profité des pluies pour se gorger d’eau.

« C’est assez exceptionnel d’avoir de l’eau quasiment tous les jours en plein été »
– Vivien Saudmont, maraîcher

Face à ces défis, le Pôle Légumes de la Chambre d’Agriculture a pour mission d’accompagner les producteurs de légumes. Valéry Alavoine, conseiller, explique que tous les légumes ne sont pas logés à la même enseigne, notamment en fonction de leurs dates de semis et de récolte.

« Vous avez des productions de légumes de cycle court et de cycle long, précise-t-il. On a beaucoup de perte de production pour les cycles courts [N.D.L.R. les salades par exemple], si on a une très mauvaise météo pendant deux mois et que c’est une culture qui pousse pendant ces deux mois-là. Par contre si c’est des cultures en cycle long, six mois par exemple, il y a moyen que la culture se refasse. »

Des courgettes abondantes

Le technicien souligne également que face à ces aléas météo, les agriculteurs n’ont pas tous les mêmes leviers d’actions selon qu’ils cultivent en bio ou non.

En l’occurrence, l’utilisation de fongicides de synthèse interdite pour les maraîchers bio, permet aux conventionnels de limiter les dégâts, bien que cela ne suffise pas toujours.

Alors, avec ces incertitudes, comment les maraîchers s’organisent-ils pour nourrir la population ?

Achat/revente, transformation diverses, dons à des associations, hausse ou baisse des prix, voire étal vide…

Les stratégies varient d’un maraîcher à l’autre. Il n’en reste pas moins que les ventes sont imprévisibles avec une météo qui impacte aussi les habitudes des consommateurs.

À l’unanimité, la meilleure stratégie reste l’anticipation : qu’on soit professionnel ou amateur, semer une grande diversité de légumes permet de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

De toute façon, comme le dit Vivien Saudmont, « quand on réussit quelque chose une année, l’année d’après, il ne faut pas s’attendre à réussir ».

Le bassin de récupération d'eau de pluie est plein
Fin juillet 2021, le bassin de récupération d’eau de pluie de Guillaume Pinte est plein.

Clémentine et Honorine
Texte et photos

Sur quels marchés retrouver nos 2 maraîchers ?

Vivien Saudmont – Les jardins de Berthoult :

Arras : mercredi et samedi matin
Bailleul-Sir-Berthoult : jeudi
Marœuil : vendredi

Guillaume Pinte – Les jardins des Mouchons :

Lens : vendredi matin
À la ferme : vendredi après-midi (rue Faidherbe, Vimy)
Arras : samedi matin

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